14 Jun 22

Faire entendre la voix de l’Afrique pour que les dégâts qu’elle n’a pas elle-même causée soient relevée

Pour lutter le changement climatique, les Etats occidentaux doivent tenir les engagements pris et mobiliser des fonds à destination des pays africains.

« On a besoin de bons projets et de capitaux. En Afrique, nous devons nous focaliser sur ces problèmes », a insisté Samaila Zubairu, président et CEO de Africa Finance corporation. Moins prosaïque, le CEO de Global center on adaptation (GCA), Patrick Verkoren, a plaidé pour pour l’utilisation de la « puissance de la nature, à travers les bassins, les mangroves et les forêts qui peuvent avoir un effet plus probant. » Et d’ajouter : « Il faut diversifier les sources de financement de l’adaptation au changement climatique. Il faut développer des instruments à même d’inciter le secteur privé à investir également sur la question ».

Sur la question du financement, ce dernier interpelle les pays occidentaux sur la nécessité de tenir l’engagement pris à Glasgow de mobiliser 32 milliards de dollars au profit de l’Afrique pour financer l’adaptation au changement climatique. Jusqu’ici, seuls 6 milliards ont réellement été débloqués. Or si cette somme était mise à disposition, elle permettrait à l’Afrique d’investir dans certaines activités, notamment la création d’emplois, l’accès des jeunes à la connaissance, et de juguler les différentes crises qui la frappent. « Il est temps qu’on fasse entendre la voix de l’Afrique pour que les dégâts qu’elle n’a pas elle-même causée mais dont elle est victime puissent être relevés », soutient le CEO de Global center on adaptation (GCA).

La disponibilité des financements verts

Le vice-président régional pour l’Afrique de la SFI, Sergio Pimenta, a, lui, indiqué que sa mission se focalise sur « l’élément qui manque », en mettant à disposition des financements verts dédiés à la lutte contre le changement climatique. Très engagée, la SFI propose aux entreprises – qui ont également un grand intérêt à lutter contre le changement climatique – des obligations vertes. Celles-ci sont autant impactées par les effets du changement climatique que les Etats. Elles ont donc intérêt à contribuer à lutter contre ce phénomène.

C’est la même détermination qui prévaut au niveau de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) qui y a investi un peu moins de 4 milliards de dollars ces dernières années. Dans le cadre de son plan stratégique 2021-2025, c’est une enveloppe de 20,4 milliards de dollars qui est prévue. La banque bénéficie de l’appui des investisseurs qui tendent pourtant à se départir de ce type de financement pour diverses raisons. « Les investisseurs sont prêts à nous accompagner pour peu qu’on réponde à certains critères dont la disponibilité des données pour mesurer l’impact environnemental et social des actions proposées », affirme le directeur général de la BOAD, Serges Ekué qui précise que la banque de développement est très focus sur les questions d’adaptation. La BOAD est accréditée auprès de trois fonds en matière finance verte.

Dans le même ordre, le directeur général de la BADEA, Sidi Ould Tah, a expliqué comment son institution financière aide les Etats à mettre en place des politiques d’atténuation et d’adaptation. Elle finance également des études pour le montage des dossiers. Il pense qu’il est important pour l’ensemble des acteurs engagés sur ces questions de travailler ensemble pour arriver à des résultats probants. Pour Franziska Hollmann, directeur industries & services d’Afrique & Emeca, il faut agir rapidement et avoir une vision à long

terme. Elle pense qu’il faut une prise de conscience claire de la nécessité de financer la lutte contre le changement climatique.

Emmanuel Akani