01 Mar 2023 /

L’AFRICA CEO FORUM a organisé en partenariat avec Ecobank l’évènement digital « Invest In Cameroun »

 

Le Cameroun, “pays avec énormément de potentiel”, ne manque pas d’opportunités

 

Un webinaire Invest In dédié au Cameroun, en collaboration avec EcoBank et en partenariat avec Proparco (groupe AFD), s’est tenu jeudi 23 février avec un panel d’experts et d’acteurs du pays. L’occasion de présenter les atouts, les opportunités d’investissement mais aussi les challenges à relever d’une économie qui pèse 45% du PIB de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac).

 

La résilience d’un pays à l’économie diversifiée

 

Directeur-général de Duval Arno Distribution, Yanis Arnopoulos a un regard d’investisseur sur le Cameroun où le groupe familial a été lancé il y a 60 ans. Pour lui, le Cameroun “est un pays qui a énormément de potentiel”. “On le dit souvent, poursuit-il. Le potentiel c’est quelque chose qui est peu palpable. Ce sont beaucoup d’opportunités. Nous sommes sur une longue piste de décollage. Pour l’instant, le Cameroun a du mal à décoller. Tant sa population que le secteur privé est très résilient et c’est vrai que notre groupe, notre famille a fait preuve de beaucoup de résilience pour en arriver où nous en sommes. Le Groupe a traversé de nombreuses crises, en particulier celle de 1994 au moment de la dévaluation du Franc CFA. Différentes crises se sont succédé, le Covid ou la dernière avec la guerre en Ukraine.”

 

Cette résilience revient aussi à la bouche de Gwendoline Abunaw, la directrice générale d’Ecobank Cameroun. Elle en loue les forces : “Le Cameroun est une puissance économique de la zone Cemac avec 45% du PIB de cet espace. Ces dernières années, le Cameroun a fait preuve d’une incroyable résilience face à des chocs aussi bien extérieurs que de l’intérieur, tout en étant en mesure de poursuivre sa croissance de manière significative.”

“Aussi, ce qui fait du Cameroun l’un des meilleurs pays où investir, c’est la maturité de son secteur bancaire au sein de la zone Cemac, souligne encore Gwendoline Abunaw. Ecobank se trouve dans le trio de tête des banques camerounaises en termes de rentabilité. La population du Cameroun est aussi très jeune et bien éduquée. Le taux d’alphabétisation est de 80% au Cameroun, ce qui signifie que les investisseurs intéressés par le pays trouveront le personnel pour travailler.”

 

Directeur régional Afrique centrale de Proparco (groupe AFD), Mehdi Tanani distingue quatre points du Cameroun. “Je vois quatre éléments qui font la spécificité du Cameroun, dit-il. Son économie est diversifiée avec la présence de champions économiques nationaux mais il y a aussi son territoire avec la richesse de ses terres agricoles, sans oublier ses ressources, notamment hydro-électriques. Enfin, il ne faut pas oublier une population qui est bien formée.

 

Des opportunités nombreuses, la poussée du digital

 

Directrice générale de l’Agence de promotion des investissements (API), Marthe Angéline Minja présente les opportunités d’investissement ciblées par le Gouvernement : “Il y a un ensemble de secteurs prioritaires qui ont retenu l’attention du Gouvernement pour réaliser l’énorme potentiel de croissance du Cameroun, explique-t-elle. L’Agence de promotion des investissements en tant que pilier du Gouvernement dans la promotion des investissements productifs a mis en place une stratégie de promotion ciblée dans les filières que sont le riz, le maïs et le poisson qui présentent de véritables opportunités d’investissement.” Mme Minja cite l’agro industrie comme “le secteur ayant eu le plus d’impact sur l’économie camerounaise”. “Il est suivi par ceux de la construction et services, du tourisme, des loisirs, et de la santé, chimie, pharmacie”, ajoute-t-elle.

 

Interrogé, Mehdi Tanani de Proparco voit aussi de nombreuses opportunités dans l’Afrique en miniature, le surnom du Cameroun. “Le Cameroun a un large potentiel agronomique, le pays est présent sur d’importantes chaînes de valeur, notamment les cultures de rente tournées vers l’exportation (coton, café) mais aussi sur des produits alimentaires essentiels, détaille-t-il. Je pense au maïs ou au manioc. Il faut aussi rappeler que 40% des exportations du Cameroun sont formées et constituées par les secteurs agricoles et forestiers, sans compter des fleuves majeurs comme la Sanaga qui font du Cameroun le second pays en termes de potentiel hydroélectrique du continent africain. Et puis, n’oublions pas la position géographique avantageuse avec les ports de Kribi et de Douala, des plaque-tournantes vers la sous-région. Et puis, un dernier point, le Cameroun a la chance de s’appuyer sur une diaspora qui est bien formée, qui a un attachement à son pays et souhaite y investir.”

 

Ces dernières années, le pays est aussi l’un de ceux où la digitalisation est en plein essor. “Le Cameroun est l’un des pays qui a réalisé des progrès majeurs dans la pénétration des services digitaux au cours des 10, 15 dernières années, confirme ainsi la directrice générale de MTN Cameroun, Mitwa Kaemba Ng’ambi. MTN Cameroun a été un acteur majeur de cette évolution avec 22 ans de présence dans le pays. Nous avons accompagné le Gouvernement dans sa stratégie digitale, et je veux retenir trois points qui me semblent très importants.”

“Tout d’abord, poursuit-elle, il s’agit des investissements réalisés pour la connectivité et les infrastructures. Le Cameroun est un pays de 27 millions d’habitants, les investissements de MTN permettent une couverture pour 95% de la population. C’est-à-dire que des millions de Camerounais sont à présent en mesure de répondre au téléphone, d’appeler, de se connecter à Internet ou d’accéder aux services financiers. Le développement des solutions digitales, que ce soit fait localement ou par l’apport du réseau panafricain de MTN, a notamment permis l’extension du Mobile Money et 5 millions de Camerounais sont actifs et réalisent des transactions financières par leur téléphone. Ce n’était probablement pas le cas il y a une dizaine d’années. Ceci a permis de faire progresser l’inclusion financière. Le troisième rôle joué par MTN Cameroun est la pénétration des technologies de l’information et des télécommunications.”

 

Des recommandations pour la transformation de l’économie

 

Administrateur et porte-parole du Groupement Interpatronal du Cameroun (GICAM), Jacques Jonathan Nyemb rappelle que l’organisation compte un millier d’adhérents et représente 76% du chiffre d’affaires des entreprises du Cameroun (43% du PIB national). Des recommandations politiques ont été livrées en 2021 dans le Livre blanc de l’économie camerounaise.

“La première, débute-t-il, ce serait d’avoir une finance qui soit au service de l’économie réelle. Aujourd’hui, 98% du tissu économique camerounais sont des PME mais ces PME ont seulement accès à 13 ou 15% des crédits accordés dans le pays. Le GICAM fait donc des recommandations en appelant à la diversification de l’offre bancaire, en multipliant les véhicules de financement.

Le deuxième axe d’amélioration, ce serait d’avoir une fiscalité au service du développement. Un certain nombre d’investisseurs, locaux et internationaux, relèvent souvent le caractère inéquitable de notre fiscalité et les lourdeurs qu’il peut y avoir dans sa mise en œuvre. Aujourd’hui, on se rend compte que 0,4 % des entreprises supportent 70% des recettes fiscales. En la matière, il est possible d’élargir l’assiette fiscale et de mieux administrer l’impôt.

La troisième recommandation qui a été faite par le GICAM, c’est la réforme de notre gouvernance économique. Le Cameroun connaît un taux d’endettement de plus en plus important, il frisait les 46% du PIB. Le GICAM s’interroge sur la qualité de cet  endettement au vu de la difficulté que l’on a à avoir des investissements ou des infrastructures qui permettraient d’accélérer la transformation de l’économie.

Enfin, nous avons proposé un certain nombre de réformes qui vont dans le sens de l’optimisation des recettes non-fiscales avec davantage de digitalisation et la modernisation de notre système judiciaire.”

 

A Proparco, Mehdi Tanani a aussi des observations à livrer pour le développement de l’économie du pays. “Malgré la diversification de son économie et son importance dans la zone Afrique centrale, on voit que le Cameroun accuse un retard en comparaison de pays comme la Côte d’Ivoire ou le Ghana en termes d’intégration au commerce international, peut-être aussi par un processus de libéralisation qui n’est pas complètement achevé. Le Cameroun gagnerait à diversifier et à renforcer ses exportations pour pouvoir renforcer sa présence dans les chaînes de valeur internationales.”

 

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