02 Mar 2022 /

Le Bénin a gagné en fiabilité et en transparence

Simplification, accompagnement, digitalisation, facilités fiscales… Le Bénin a réalisé un véritable travail de fond et de modernisation afin d’attirer les investisseurs et les mettre dans les meilleures conditions pour réussir. Les grandes lignes ont été présentées à l’occasion du webinaire Invest In Bénin organisé par l’AFRICA CEO FORUM en partenariat avec ECOBANK.

 

Par Arnaud Bébien

 

Un climat des affaires attractif

Avec le lancement début 2018 de l’Agence de promotion des investissements et des exportations (APIEx), le gouvernement béninois a centralisé ses outils à l’attention du secteur privé international. « Cette agence est le guichet unique d’accueil, d’orientation, et de traitement des investisseurs qui viennent au Bénin, explique son directeur général, Laurent Gangbes. Nous traitons toutes les demandes des investisseurs et nous recueillons les différentes autorisations nécessaires au développement de leur société dans le pays. L’investisseur qui vient au Bénin n’a pas besoin de passer de ministère en ministère. Les réponses dont il a besoin sur la faisabilité de son projet lui sont données en temps et en heure.»

Une initiative dont l’impact s’est rapidement fait sentir selon différents acteurs du secteur privé. « Aujourd’hui, il existe d’énormes avantages pour une entreprise qui s’installe au Bénin, avec en particulier l’amélioration générale du climat des affaires, témoigne Lazare Noulekou, Directeur général d’Ecobank Bénin. Le pays a gagné en fiabilité et en transparence. » Pour preuve : « Les entreprises ont de la visibilité au niveau des procédures de transfert de propriété. La mise en ligne du cadastre est également une avancée très appréciée. Comme plus largement, l’accent mis par l’Etat béninois sur la digitalisation des procédures. Au port de Cotonou, le partenariat avec le groupe du port d’Anvers permet de dédouaner et de réaliser des opérations de façon instantanée. »

Directrice générale de l’opérateur MTN au Bénin, Uche Ofodile témoigne de la confiance suscitée par les actions du gouvernement, notamment dans l’accès de la population aux infrastructures. MTN s’apprête ainsi à investir cette année 65 millions de dollars dans le pays pour développer l’accès au réseau. « La capacité du gouvernement à être transparent et ouvert sur ces intentions en termes de réalisations favorise l’action des investisseurs, insiste Uche Ofodile. MTN, par exemple, n’investit pas seulement dans le déploiement du réseau mais aussi dans l’inclusion financière directe ou indirecte. Et nous avons l’intention de continuer à investir de façon importante au cours des trois prochaines années. »

 

Le numérique, au centre de la stratégie

Ministre du Numérique et de la Digitalisation, Aurélie Adam Soulé Zoumarou est la cheville ouvrière destinée à faire du digital la clé de voûte du développement et de l’attractivité des investisseurs. « Le numérique est un catalyseur pour tous les secteurs d’activités, souligne Mme Adam Soulé Zoumarou. C’est pourquoi l’action du gouvernement envers ce secteur a été érigée en priorité avec notamment l’avènement d’un code spécifique. Il s’agit d’un arsenal juridique complet qui permet à un investisseur de savoir à quoi s’attendre : les régimes en cours, les obligations, et bien sûr tous les décrets promulgués par ce code en vigueur depuis 2018. »

Le secteur du digital est également soumis aux mêmes innovations que les autres secteurs d’activités en matière de climat des affaires. « Le numérique entre aussi dans le champ du code des investissements qui donne accès à des exonérations fiscales et de douanes. S’il arrive par exemple avec un projet fibre d’une certaine envergure, un investisseur peut bénéficier de ces facilités. Tout ce qui contribue à l’accélération de l’aménagement du numérique dans notre pays nous intéresse au plus haut point. C’est par exemple vrai pour les investisseurs qui souhaiteraient devenir des fournisseurs d’accès à Internet. Toutes les initiatives autour du développement des compétences du numérique seront également regardées avec attention. »

Malgré une taille de marché bien plus petite que celle des géants nigérians ou sud-africains, le pays ne renonce pas non plus à attirer les investissements vers ses start-ups. « Dans le monde du digital, il n’existe pas de barrières, constate la ministre. Quand vous avez une solution numérique, une entreprise béninoise peut en profiter autant qu’une entreprise kenyane. C’est un marché ouvert et nous faisons en sorte que notre écosystème de start-ups se structure afin d’en tirer les bénéfices. Au travers de la dernière loi de finances, des facilités fiscales sont désormais disponibles pour les start-ups du Bénin. L’Etat n’hésite pas non plus à investir de l’argent public, à l’image du projet Sèmè City, qui est notre programme majeur de structuration de cet écosystème. »

 

Les secteurs dans lesquels investir

Directrice du département Pilotage du réseau de Proparco, Myriam Brigui identifie deux secteurs comme particulièrement porteurs au Bénin : « Les énergies renouvelables, avec des réformes et un cadre institutionnel favorables au lancement de programmes qui vise à diminuer la dépendance énergétique vis-à-vis des pays limitrophes. Et l’intermédiation financière, avec en tête de pont le secteur bancaire pour mieux toucher le tissu économique local qui génère de l’emploi et de la richesse pour le pays. »

Mais ce ne sont pas les seuls. « Je pense très fortement à l’agro-industrie, insiste Laurent Gangbes. C’est un secteur parmi les plus propices pour les investissements et la création de richesse. Nous avons la volonté de transformer la quasi-totalité de notre production agricole. Depuis trois ans, nous sommes devenus le premier producteur africain de coton avec une production annuelle supérieure à 700 000 tonnes. Sur la noix de cajou, nous sommes le troisième pays producteur du continent. Nous sommes aussi très bien positionnés sur le secteur des fruits, avec notamment l’ananas qui s’exporte très bien en boîtes. Ces dernières années, nous nous sommes efforcés de faire venir des investisseurs dans ce secteur qui transforment localement notre production pour exporter en Europe et aux Etats-Unis. Les secteurs support de la transformation sont aussi très importants, comme ceux de l’emballage. »

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