05 Juil 2022 / Article

L’intégration logistique est la clé de l’essor du commerce en Afrique

Peu compétitives et peu rentables, les chaînes d’approvisionnement sont le talon d’Achille de l’Afrique, écrit David William, Directeur Général de la Région Afrique, Maersk. Une approche qui comprendrait l’ensemble de la chaîne, de la source jusqu’à la destination finale, permettrait de stabiliser les prix à l’échelle du continent et favoriserait l’intégration de la région.

 

David Williams,  Directeur Général de la Région Afrique, Maersk.

 

Dans un article publié le 26 mars dernier, le magazine The Economist notait que, en 2017, 251 heures (plus de 10 jours !) étaient en moyenne nécessaires pour vérifier la régularité des documents liés à l’importation de marchandises en Afrique subsaharienne, contre seulement 9 heures dans les pays de l’OCDE. L’article précisait en outre qu’il fallait compter 2 000 dollars pour expédier un conteneur de Chine à Beira, au Mozambique, et 5 000 dollars de plus pour expédier ce même conteneur, 500 kilomètres plus loin, au Malawi.

Ces lourdeurs, entre autres facteurs, demeurent un frein majeur à la construction de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), un accord qui, toujours selon The Economist, permettrait à l’Afrique de se relever de la crise économique engendrée par la pandémie, tout en devenant un exemple à suivre, à contre-courant de la tendance actuelle au repli protectionniste.

Dans un monde où digitalisation et technologie se conjuguent pour faciliter les affaires, les acteurs de la logistique attendent mieux. Dans les nombreuses filières de la chaîne, les clients appellent de plus en plus de leurs vœux des chaînes d’approvisionnement plus efficaces et plus résilientes, fiables, agiles, flexibles et responsables, sans avoir à traiter avec plusieurs fournisseurs et intermédiaires.

Une chose est sûre : les clients ne veulent plus de l’ancien modèle, avec un fournisseur différent à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement et l’optimisation des coûts à court terme comme principale motivation. Coûteux, peu fiable, rigide, ce système est dépassé.

D’après nos observations, les chaînes logistiques peuvent gagner en efficacité et en résilience, dès lors qu’un seul prestataire contrôle et répond de l’ensemble des chaînes d’approvisionnement. C’est en partant de ce constat que l’armateur Maersk a construit sa vision, à savoir se positionner comme un intégrateur logistique grâce au concours de la technologie.

Tout d’abord, la crise que traversent aujourd’hui les chaînes d’approvisionnement mondiales a fait prendre conscience de l’importance du nouveau modèle économique. Les clients exigent un suivi en temps réel des expéditions, des renégociations régulières des conditions du marché et des réponses proactives aux défis à venir. Par ailleurs, durant la pandémie, les solutions digitales ont suscité un large intérêt et la demande explose. Avec l’évolution de la dynamique du marché, un nombre croissant de consommateurs achètent en ligne, d’où le besoin de développer des chaînes d’approvisionnement entre entreprises et consommateurs.

En choisissant une solution de bout en bout, les clients bénéficient de trois avantages. Premièrement, ils réalisent l’importance de n’avoir qu’un seul interlocuteur. Grâce à notre position de fournisseur unique tout au long de la chaîne d’approvisionnement des clients, nous cernons mieux leurs besoins en tant que prestataire de services. Deuxièmement, les chaînes d’approvisionnement intégrées nous permettent de proposer des offres de livraison transparentes et pertinentes, tout en garantissant leur exécution ainsi

qu’une grande prévisibilité. Ils peuvent ainsi réduire les coûts de stockage et sont à même de mieux saisir les opportunités du marché. Troisièmement, elles contribuent à renforcer la visibilité et s’appuient sur des outils de gestion des performances, ce qui permet aux clients de planifier à l’avance et de prendre des mesures d’atténuation en temps voulu.

L’approche intégrée de bout en bout renforce la stabilité des prix et des services sans remettre en cause les avantages évidents de la concurrence à tous les niveaux de la chaîne. Nos actifs physiques tout au long de la chaîne d’approvisionnement (hubs, navires et infrastructures continentales) et notre capacité à développer des solutions technologiques pour relier l’offre et la demande rendent cette solution possible.

Grâce à notre réseau mondial de terminaux et d’entrepôts, nous réussissons à apporter à nos clients la flexibilité nécessaire, en donnant la priorité au fret pour répondre à leurs besoins. Nous pouvons transporter leur cargaison d’un site à un autre avec une plus grande marge de manœuvre, en particulier au moment où les chaînes d’approvisionnement sont confrontées à des goulets d’étranglement. Pour autant, l’adoption de ce modèle ne saurait nous priver de l’expertise des logisticiens locaux, laquelle nous fait parfois défaut avec les accords de sous-traitance, puisque nous avons l’intention de poursuivre notre coopération avec ces partenaires.

Notons également que le modèle de la logistique intégrée s’adresse à tout type de clients, qu’ils soient de grande, petite ou moyenne taille. Quelle que soit l’ampleur de l’opportunité d’affaires, la priorité est de conclure et d’honorer des contrats à long terme, sources de valeur ajoutée pour les clients. Compte tenu de la conjoncture actuelle, les contrats à long terme offrent aux clients une protection non négligeable contre la hausse des prix du transport sur les marchés au comptant, un gain de valeur pour eux.

Dans le cadre de nos efforts constants pour rendre la logistique plus inclusive, nous développons plus spécifiquement des outils digitaux simples qui permettent aux PME de passer leurs réservations directement auprès de Maersk. Être un intégrateur logistique de conteneurs et un interlocuteur unique pour des clients de petite ou moyenne taille, c’est aussi s’engager à leur fournir un point de contact unique en cas d’imprévus nécessitant une réponse immédiate.

Dans l’ensemble, le modèle d’intégrateur encourage l’industrie logistique à innover et à se digitaliser. Nous entendons continuer à utiliser les données et la technologie pour stimuler l’automatisation et accélérer l’offre de produits et de solutions intégrés de meilleure qualité à des tarifs plus compétitifs en investissant dans des outils et des capacités digitales.

En conclusion, il n’y a pas meilleur moment pour adopter un modèle qui contribuera grandement à relever certains défis logistiques en Afrique. Mais le chemin s’annonce long et semé d’embûches avant d’espérer en récolter les bénéfices concrets, y compris au travers de la ZLECAf. Pour autant, le succès est à portée de main.

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