20 Juin 2022 / Article

« Nous sommes prêts à investir dans 7 à 8 ports en Afrique »

Soren Toft, CEO, MSC Mediterranean Shipping Company

Nommé CEO du géant suisse du fret maritime en décembre 2020, le Danois Soren Toft se retrouve désormais à la tête de la plus grande compagnie logistique d’Afrique après le rachat de Bolloré Africa Logistics pour 5,7 milliards d’euros au deuxième trimestre 2022. Il a détaillé ses plans lors de l’AFRICA CEO FORUM 2022.

Le géant suisse Mediterranean Shipping Company (MSC), aujourd’hui numéro 1 mondial du transport maritime, réaffirme ses ambitions pour le continent africain où il règne déjà en maître après le rachat, cette année, de Bolloré Africa Logistics pour 5,7 milliards d’euros. La position de plus grande compagnie logistique d’Afrique dont elle hérite de l’opération, MSC n’entend pas l’abandonner. Au contraire, l’armateur compte renforcer davantage sa présence dans les ports africains. « Les ports que nous avons en Orient et ailleurs viendront vers l’Afrique. Nous sommes fondamentalement prêts à investir dans 7 à 8 ports sur le continent. Nous développons les infrastructures dont le monde, particulièrement l’Afrique, a besoin pour faciliter ses échanges commerciaux », a déclaré mardi, à la salle Africa Hall du Sofitel hôtel Ivoire Abidjan, le CEO de MSC, Soren Toft, qui y prenait part à la 8e édition d’Africa CEO forum.

Bientôt un nouveau nom pour remplacer celui de Bolloré

L’Afrique a « tous les atouts et potentialités » pour réussir son développement selon le Danois. Pour cela, les Africains doivent avoir la conviction qu’ils peuvent réussir la transformation de leurs matières et engager le continent sur la voie du développement. Pour ses acquisitions, l’armateur annoncera bientôt sa propre marque à travers laquelle il compte contribuer à écrire les plus belles pages du continent.

Relativement aux passifs qui pourraient surgir concernant cette acquisition, Soren Toft assure que le numéro 1 du fret maritime a eu « un échange très enrichissant avec Bolloré » à ce sujet. Il a même la conviction que les choses se passeront bien, même si « quand on rachète une entreprise de cette taille, des problèmes en latence peuvent resurgir à tout moment ». Au demeurant, le CEO de MSC a assuré que toutes les due diligence ont été réalisées et que, s’il devait y avoir une surprise, un certain nombre de clauses dans le contrat de vente lui permettait de se désengager au cas par cas.

Et il a pu réaffirmé sa confiance en l’avenir : « Nous gardons notre capacité d’adaptation. Nous sommes les meilleurs dans beaucoup de domaines et nous allons continuer de l’être. » Pour autant, MSC n’a pas l’intention de tomber dans une position d’abus de position dominante en faisant une concurrence tous azimuts.

Les crises et le transport maritime

Au-delà de l’Afrique, le CEO de MSC a dévoilé sa stratégie pour maintenir à flot sa compagnie, dans un contexte de bouleversement généralisé des chaînes d’approvisionnement mondiales, après les chocs dus à la pandémie du covid et au conflit en Ukraine. Soren Toft admet que MSC évolue dans un environnement impacté par les crises multiples, mais que la compagnie maritime s’adapte aux réalités du moment et développe une résilience qui lui permet de tirer son épingle du jeu. « Nous jouons un rôle crucial dans le commerce mondial ; nous œuvrons à aider les différents acteurs à créer la prospérité. (…) Nos marins font partie des héros méconnus. Pendant la crise, c’était difficile ; les gens passaient des commandes et nous nous battions pour préserver le marché. Ce sont des milliards de dollars qui ont été injectés pour relever le défi », a-t-il tenu à souligner.

En poste depuis 2020, il a engagé la société dans un cycle de croissance. Mais quand des analystes affirment que l’entreprise a fait beaucoup de profits et qu’elle a amassé une fortune immense, Soren Toft relativise tout en admettant que l’entreprise a réalisé de bons résultats au cours des deux ou trois dernières années. Il explique que l’offre et la demande sont les règles du marché, mais note que les choses ont beaucoup changé dans ce domaine très concurrentiel.

MSC, la crise ukrainienne et la décarbonation

L’entreprise a fait preuve d’anticipation concernant la crise en Ukraine en prenant des décisions idoines en fonction de l’évolution de la situation. Des dispositions ont ainsi été prises pour assurer la continuité du service. « Nous exprimons de la commisération aux Ukrainiens par rapport à tout ce qui se passe dans leur pays, à la situation qu’ils vivent. Si l’Otan trouve le moyen d’ouvrir certains couloirs, nous interviendrons pour restaurer le trafic », a assuré Soren Toft. A propos du transport du gaz liquéfié dont l’Europe a besoin pour se passer du gaz russe, il dira : « Nous avons des solutions mais nous ne pouvons pas les déployer en l’état », précisant que sa société « n’a pas de solutions à tous les problèmes dans ce contexte difficile ». En Ukraine par exemple, les activités de la compagnie n’ont pas eu d’autres choix que d’être délocalisées dans d’autres pays.

En outre, le CEO de MSC a abordé la question de la décarbonation sur laquelle l’armateur est prêt à investir 5 à 10 milliards Fcfa dans une phase transitoire qui va durer dix à quinze ans. « Tout ce que nous pouvons faire, c’est d’arriver à des réductions de l’ordre de 15 à 20% de la pollution, vu qu’il n’y a, à ce jour, pas de combustible vert capable de remplacer les hydrocarbures. L’entreprise s’est dotée d’un programme de neutralité carbone qui devrait l’amener, dans les années à venir, à sortir de sa flotte un grand nombre de navires qui ne pourront pas passer le cap de la décarbonation.

Emmanuel Akani  

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